Le Web invisible

J'imagine déjà vos
remarques amusées et interloquées. Quoi ? Il a donc
définitivement basculé dans la folie d'un Internet cyberfantomatique
et prétendu existant. Comme si le foisonnement actuel de sites et de
serveurs ne suffisait pas ... Et le moteur de recherche de ce monde-là
s'appelle Ghost au lieu de Google ?
Mais non ! Inutile de venir
débrancher mon câble de connexion ou d'appeler un service médical
à domicile pour une piqûre calmante et salvatrice, car il ne s'agit en
aucune façon d'une élucubration mentale sortie de cet univers de
science-fiction que j'affectionne. Le Web invisible est tout simplement la
partie non référencée des réseaux interconnectés. Ce
sont les nombreux moteurs de recherche qui répertorient les pages que vous
visitez pour alimenter les index de référencement . La croissance du
Net
étant permanente
une partie des informations n'est pas scannée en temps réel par les
spiders scrutateurs. Des rapports attestent qu’environ 70 % seulement du
Web dit public apparaissent grâce à Google, Yahoo, Altavista et autres
"search engines".Un
autre paramètre explicatif relève des méthodologies d'indexation
basées sur des spécificités propres. Une recherche classique
n'est pas fondée si les contenus sont des documents dynamiques (a contrario
des pages html dites usuelles) ou sous forme d'animations en Flash. De plus,
d'autres raisons occultent la présence de certains sites comme le niveau de
l'arborescence (limité à une centaine de Koctets) du contenu
indexé, certains formats ajoutés, mais non reconnus tels que le Lotus,
DBase ou Paradox ou l'utilisation de cadres (frames) dans une
page.Enfin, la principale
limitation réside souvent dans la volonté délibérée de
ne pas apparaître à la surface du Web pour les nombreux réseaux
dits privés. Un simple fichier Robot.txt ou une URL contenant
volontairement un point d'interrogation annihilera toute possibilité de
connaître les informations placées derrière ce subterfuge
technique. De même un accès à un
site
avec un login et password bloquera la connaissance de data ainsi
protégé. Mais me direz-vous pourquoi empêcher la diffusion
d'informations alors que certaines sociétés n'ont de cesse de vouloir
communiquer sur leur raison d'être ? Tout simplement pour préserver la
confidentialité de bases de données concernant certaines
activités militaires, industrielles ou de laboratoires de recherche
interconnectés avec d'autres unités . Si ces deux exemples sont
signifiants, il existe un nombre
impressionnant de
structures connectées privées à commencer par certaines banques
d'images satellitaires qui n'ont aucun besoin d'une quelconque
publicité.Enthousiasmé
par cette brève explication, vous souhaiteriez, en un dernier snobisme
élitaire, faire parti de ce monde binaire occulte, où se
décident, vous semble-il, les grandes orientations de notre époque ?
Rien n'est plus simple pour une fois : élaborez donc de nombreuses pages
html statiques avec le concours de fichiers ASCII et n’intégrez pas
de description de contenu ni de liens vers d'autres sites. Ainsi
protégé par ces leurres de syntaxe informatique, vous pourrez
divulguer, grâce à l'adresse web rédigée sur de
discrètes cartes de visite, votre découverte sur la prolifération
des paramécies à poil court qui ne manquera d'intéresser les
décideurs, super informés, rencontrés dans le wagon de
première classe de votre TGV habituel.