Bureau estival








Dehors, un soleil implacable fait ralentir le pas des passants fatigués et des festivaliers qui se réveillent, pendant que les endroits ombragés prennent une valeur stratégique pour atténuer cet air, chaud et sec, qui fige les réflexes des plus agités. Ici sous la verrière, où par un panneau ouvert me parviennent les bruissements et les clameurs étouffées de la ville, j'ai installé mon bureau d'été dans la fraîcheur des gros murs de pierre.

Deux tréteaux en hêtre et un vieux plateau de verre opalisé pour soutenir juste un écran de 19 pouces surmonté d'une casquette de visualisation et le bazar qui va avec. Petit inventaire provisoire : une pile de livres à la lecture inachevée, un carton à dessin de croquis, un masque mexicain, quelques CDs à graver, une lampe à la lumière douce, en équilibre sur des volumes d'encyclopédie, eux-même posés sur un gros radiateur en fonte. Tôt le matin ou bien tard le soir, c'est de cet espace feutré que j'enverrais jusqu'à vous mes billets prochains, avec cette nonchalance indispensable au rythme de ce bel été si lumineux. Le téléphone pourra bien retentir en vain, là-bas, dans la pièce désertée de travail où j'ai provisoirement abandonné l'autre ordi et sa palette graphique qui attendront l'urgence d'une commande graphique rémunératrice. Des demi-vacances au ralenti, parenthèse progressive avant les vraies vacances. Juste un peu d'avance, entre quelques ploufs dans l'océan rafraîchissant et des sorties nocturnes, pour tester la fabrication délicate de nouvelles images et expérimenter un immobilisme régénérateur.

Le temps ne s'arrête jamais, oui, mais là, il va faire un effort et ralentir un peu, complice improbable de mes efforts à rendre ce lieu plus paisible. Le hamac je l'installe à gauche ou à droite sur les poutres métalliques de la verrière ?


Mer. - Juillet 13, 2005          



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