Lu Vu Entendu de mi-octobre

Après mes
aventures de Noël du précédent article, je suis finalement revenu
dans le présent, avec l'aide d'une téléportation
spatio-temporelle appropriée, que ne renierait pas le capitaine Spock, pour
vous proposer matière à affronter le maussade automne maintenant bien
installé.
Vu
:
Le film My architect de
Nathaniel Kahn ***
À priori, cet excellent
documentaire sur la vie de l'architecte Louis
Kahn a de quoi rebuter:
film de commande financé par des fondations américaines,
réalisé par un de ses fils et avec en fil conducteur la vie
privée étrange et cloisonnée de ce grand bâtisseur du XXe
siècle. C'est le sous-titre
le voyage d'un
fils (a son's journey), qui
donne tout son sens à cette réalisation personnelle, intimiste et
finalement pas du tout institutionnelle. Nathaniel Kahn s'est attaché,
à travers les réalisations architecturales de son père, disparu
brutalement quand il avait onze ans, à comprendre et décrypter ses
origines. On apprend donc que Louis Kahn, parallèlement à une
carrière à la réputation comparable à celle de Le Corbusier
ou de Mies van des Rohe, menait trois existences familiales distinctes sans
interférences entre elles ! Ce documentaire passionnant, d'une grande
pudeur et parfois très drôle, est une enquête à la
manière d'un puzzle, dont les éléments découverts sont
assemblés au fil de la narration. Nul besoin d'être féru
d'architecture pour aller voir ce
film qui aurait pu
s'intituler: À la recherche du père
disparu...Lu
:
Auteur: Simon Liberati /
Anthologie des apparitions **
Premier roman de ce
journaliste de la presse écrite, Anthologie des apparitions, récit
trash sur les dérives de deux adolescents de la fin des années
soixante dix, a toutes les chances de devenir un livre culte. Tous les
ingrédients nécessaires y sont présents: le romantisme
décadent de la perdition des âmes, la retranscription des folles nuits
du night- clubbing parisien de l'époque avec ses jet-setters
désabusés et de jeunes héroïnomanes cyniques et
prostitués. C'est le récit du naufrage post-libertaire de la
désillusion lié à la perte de l'innocence et de la grâce.
C'est remarquablement écrit sous une plume ironique et nihiliste et l'on
pense à Michel Houllebecq ou à Francis Scot Fitzgerald pour la
puissance tragique de narration.
Une vingtaine de pages
à télécharger ici
pour se faire une
idée...Entendu
: Groupe: Mickey 3D / Tu
vas pas mourir de rire ***
Dans la famille rock
alternatif j'appelle les Mickey
3D, jeunes trublions
pleins de talent, très
convaincants dans leurs dénonciations multiples des absurdités du
monde qui nous entoure et pourtant les textes n'ont pas la lourdeur
démonstrative d'une certaine chanson engagée. Ce trio de musiciens
(Mickaël, Aurélien et Najah) a un son "noisy" avec de belles
influences arabisantes. Écoutez les chansons "Mimoun" ou "Les gens
raisonnables" et regarder sur leur site leurs très beaux clips Respire ou
Yalil et comme moi vous deviendrez un fan irréductible ! Pour l'anecdote,
c'est Mickaël qui a composé en 2002 la musique du célèbre
"J'ai demandé à la lune" du groupe Indochine.