Lu Vu Entendu mi-juin 2005








Il vous suffit de clicker sur la vignette d'illustration de ce onzième Lu Vu Entendu pour participer, avec l'image agrandie, au jeu des 7 erreurs. Certaines sont faciles à trouver, d'autres demandent juste un peu de bon sens. Pour les mous du bulbe qui n'auront pas trouvé, quelques lots de consolation sous la forme d'un film étrange, d'un livre du pays des cèdres et d'electro aux textures parfois jazzy à écouter tard le soir.

Vu :

Le film Les Invisibles de Thierry Jousse **



Ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, Thierry Jousse signe avec cet opus son premier long métrage. J'ai toujours eu une affection particulière pour les premiers films où, souvent, tout l'univers futur d'un réalisateur est déjà là ,comme une empreinte psychique qui se forme. À travers cette histoire d'un compositeur amoureux d'une voix téléphonique qu'il rencontrera, c'est de de la genèse de la création qu'il est question ici, mise en exergue par une romance amoureuse intrigante et intimiste. Belle palette d'acteurs qui portent littéralement le récit, découpé un peu à la manière d'un David Lynch obsessionnel. L'étrangeté prend ici la place du gardien d'immeuble envahissant avec la drôlerie si "british" de Michael Lonsdale ou la détermination de la productrice Carole Stevens jouée par une Lio convaincante. Mais tous, de Laurent Lucas, l'acteur principal à Margot Abascal, "la voix", en passant par Eva Ionesco (définitivement abonnée aux petits rôles ?) rendent crédible ce parcours visuel et sonore au climat progressivement inquiétant.


Lu :

Alexandre Najjar / Le roman de Beyrouth ***



Qui mieux qu'un écrivain libanais pouvait retranscrire les particularités de ce pays au passé mouvementé ? Bien que partie prenante de cette mosaïque culturelle qu'incarne le Liban, Alexandre Najjar a su dans ce récit qui mêle la fiction et le réel conserver une objectivité distanciée. Saga familiale sur plusieurs générations confrontée aux aléas de l'histoire, écrite d'une main de maître par un grand lettré francophone. On sent au fil de ses mots toute la passion orageuse pour sa terre meurtrie dans ses chapitres, comme autant d'explications sur le kaléidoscope libanais. Découvrez ce brillant auteur d'une quinzaine de livres à l'écriture alerte et maniérée, pour qu’une de ses petites phrases bien senties ne devienne pas prémonitoire :"Un pays ne meurt pas quand il est occupé, c'est quand sa culture meurt qu'il meurt vraiment".


Entendu :

Four Tet / Everything Ecstatic ***



C'est le chaînon manquant entre de l'electro diluée et un groove jazzy intelligent, construit de toutes pièces par Kieran Hebden, qui cache son talent musical derrière un nom de groupe dont il est le seul membre. Quatrième album de cet anglais réfléchi, Everything Ecstatic apporte la fraîcheur de compositions aériennes plus proche de l'Ambiant que son précédent album aux atmosphères acoustiques. Ici le son est coloré, positif, avec de grandes boucles rythmiques intermittentes de notes presque murmurées par un sampling intelligent. Le type doit aimer écouter Sun Ra dont on retrouve ici ce mélange de douceur et d'exaltation quasi mystique. Quelques titres signifiants : "Smile Around the Face", "High Fives" et l'excellent "Joy". Allez faire un tour sur le site éponyme, un vrai régal graphique. Je sens que ces dix morceaux vont souvent passer en boucle durant cet été !


Mer. - Juin 15, 2005          



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