Lu Vu Entendu de mi-février 2005

Merci à toi Sonia d'avoir eu la gentillesse de te prêter, avec humour, au jeu de la photo du Lu Vu Entendu de cette quinzaine . Avec cette illustration, qui ne manquera pas de faire le tour de la terre, grâce aux milliers, que dis je, aux millions de lectrices et lecteurs de ce blog à caractère international, voir galactique certains soirs, qui pourront ainsi te reconnaître. Peut-être même qu'un producteur à gros cigare voudra te faire signer le contrat du siècle pour promouvoir ta voix aérienne de chanteuse garage folk, accompagnée de la redoutable guitare 12 cordes de krypto, ton alter ego. Pour ma part, je préfère, au vu de certains de mes propos assassins passés, continuer à ne pas montrer mon visage. Par les temps qui courent et au prix du kilomètre de bêtises que j'aligne, on est jamais trop prudent ! Lu Vu Entendu c'est la quatrième ! Allez hop let's goooo !

Vu :
Le film Edward Munch de Peter Watkins ***

Bon, il vous faudra trouver le cinéma où passe cet excellent opus sur la vie tourmentée de ce peintre norvégien incroyable. J'ai eu l'immense chance de voir ce film très bien fait et vous m'en voudriez sûrement si je me compromettais à vous parler des innombrables nanards cinématographiques sortis récemment. Munch peintre de l'introspection et des états d'âme délétères, Munch incompris par ces contemporains, qui ne retinrent du bonhomme, que les amitiés anarchistes avec l'écrivain radical Hans Jaeger. Combien de peintres aimables et policés faut-il pour égaler un seul tableau de Munch ? On aime ou on n’aime pas, soit ! Mais ses brosses frénétiques et tantôt venimeuses, baignées dans la lumière des sentiments humains, m'ont toujours inspiré des questionnements sur la beauté, la force subjective de l'image, la délivrance de la mort. Munch n'était pas une personne malsaine, mais il avait pressenti, à son époque, la violence des années à venir, pour la coucher sur ses toiles prémonitoires. Peter Watkins, dont je n'aime pas trop les films pseudo scandaleux, a signé ici un film sensible, en une sorte de dédoublement de lui même, sur la vie erratique et malheureuse de Edward Munch. "Soyez courageux et peignez la vie qui nous entoure sans concessions" disait it. Toute la folie du monde en des oeuvres magnifiques...

Lu :
Muriel Cerf / L'antivoyage **

Les lectures adolescentes sont parfois si troublantes qu'elles finissent par hanter toute une vie du romanesque que l'on peut y trouver. L'antivoyage, comment dire, a été pour moi l'une de celle-là. À quoi rêvait le jeune homme de 15 ans que je ne suis plus tout à fait ? À des voyages magnifiques dans un orient chamarré, loin d'une famille protestante laborieuse et moraliste. L'antivoyage, trouvé par hasard à la grande bibliothèque de la rue Gargouleau je l'avais lu d'une traite, fébrilement, sans trop comprendre alors, qu'il n'était que le reflet d'une génération post soixante huitarde égarée, pour certains, sur les chemins psychédéliques et incertains des trajets initiatiques à travers l'Inde et le Népal. Trop jeune pour avoir été hippie, trop vieux pour devenir rapper, je suis l'archétype de la blank génération finissante, avec la trentaine qui va bientôt me tomber sur la tête. Le temps qui passe est une spirale infernale...

Entendu :
Chanteur Laurent Garnier / The Cloud Making Machine ***

Dernier album du pape auto proclamé du courant musical Ambiant. Ce bidouilleur assidu du sampling et des boucles sonores répétitives, a toujours su, trop discrètement, concocter des vinyls ou des CDs avec des climats et des ambiances particulières. Chaque bruit, chaque arrangement compte pour ce musicien éclectique, à la discothèque réputée immense et très variée. Très jeune adolescent, je profitais toujours de mes nombreuses vacances parisiennes pour essayer de rentrer dans les night-clubs où il officiait pour le plus grand bonheur des technos addicts, dansant inlassablement sur ses mixs robotiques et rythmés. Dans mon panthéon personnel des CDs de groupes à emenner sur une île déserte ce dernier album ne dépaillerait pas dans le flot de rock grungy, lofi music et autres bizarreries que j'écoute du matin au soir et parfois du soir au matin...

Lun. - Février 14, 2005