Safe love
Ça
n'est pas moi, avec ma vie sentimentale parfois désordonnée, qui vous
ferait la leçon, mais, même si l'été est là, avec ses
envolées d'anges cupidonniens tentateurs et le hasard des rencontres de la
belle saison, ayez le réflexe d'utiliser des préservatifs pour vos
(d)ébats amoureux. Et ne me sortez pas la sempiternelle excuse qu'avec une
capote les sensations sont moins bonnes, car un petit habillage de plastique
vaut mieux que l'aménagement d'une tri-thérapie salvatrice, mais somme
toute assez contraignante. Petite réflexion [mode tonton alt on] sur les
attitudes de l'amûr qui sont parfois
surprenantes.
Je suis un grand garçon, et,
avant de me faire harponner le coeur par une belle au regard de braise en
septembre dernier, j'ai longtemps hésité et tergiversé dans mes
choix amoureux. Je suis un instable du sentiment et pendant que je sortais avec
une telle, je rêvais secrètement d'une autre qui de toute
évidence ne semblait attirée que par les charmes avantageux d'une
copine commune. N'allez pas imaginer des vantardises de ma part sur le sujet
hein ! Je suis loin d'être un tombeur, l'exercice ne m'a jamais tenté,
et je dispose d'une importante collection de chagrins d'amour, résultat de
mes comportements émotionnels à la gestion aléatoire. On m'aime
pour ce que je suis et on me quitte pour les mêmes raisons. Comme beaucoup
de mecs, j'ai d'abord besoin de baiser pour aimer ensuite, alors que pour les
filles le contraire est plus répandu. Et si j'ai souvent prétendu ne
pas être une "affaire" il s'est quelquefois trouvé une intrépide
résolue à me prouver le contraire ! Je t'aime, moi non plus font parti
des jeux de l'amour perpétuel et mon univers affectif est un vaste espace
peuplé de fantasmes inassouvis, de petites culottes soyeuses,
d'attendrissements exaltés, de plaisir sans retenu et aussi de la loterie
de jetades définitives. J'ai été longtemps un homeless du coeur,
squattant l'affection de belles guerrières de l'amour, mais toujours avec
un partenaire intermédiaire de sécurité : la capote.
Les victimes du sexe sans
protection restent nombreuses, malgré des campagnes d'informations
régulières. Je viens d'apprendre hier qu'une jeune gothique avec qui
j'étais sorti l'été dernier est devenue séropo, une personne
de plus, une de trop. Un soir, elle m'avait foutu dehors, sous le prétexte
de ne pas être une salope, en me voyant préparer un capuchon magique
pour une étreinte que l'on avait espéré sauvage. Pas de capote,
pas de quéquette, et sur le moment, en rentrant dans la moiteur de la nuit,
j'avais regretté mon intransigeance en repensant à la beauté de
la fille. Pas du tout une affranchie d'ailleurs, juste une timide, qui dans un
romantisme désuet, avait mal perçu mon geste protecteur. Une partie
non négligeable de la propagation du H.IV. est le résultat
d'écarts amoureux de personnes, apparemment fidèles, qui craquent pour
un partenaire occasionnel, à l'occasion de circonstances propices : un
séminaire, un week-end sans sa moitié, un déplacement
imprévu.... Le ronron d'une vie régulière à deux
préparerait-il mal au réflexe de protection de l'envie passagère
?
À défaut
d'enterrer, ce que appelle, une vie de garçon ou de jeune fille, c'est
souvent à des enterrements tout court que l'on est convié au fil des
années ! Pour éviter ce gâchis permanent, au risque de passer
pour un radoteur impénitent, quel que soient vos habitudes sexuelles,
protéger vous pour protéger les autres, afin de limiter ce
séro-triage imbécile et hélas accepté : toi t'es
séropo, toi tu ne l'es pas... L'été propice à la
séduction peut-être, mais gaffe à l'infection hasardeuse des
risque-tout du plaisir instantané. Ce qui n'exclut pas, c'est le cas de le
dire, la plus élémentaire tolérance avec les positifs, sans
compassion imbécile, c'est déjà assez compliqué comme
ça !