Le terrible secret (2e partie)











Après avoir franchi la deuxième porte au bout du couloir l'étonnement de SuperMit était à son comble : la ville avait disparu pour faire place à un paysage champêtre, totalement différent de ce qu'il pouvait connaître. Une longue route de terre sèche, traçait une ligne claire à travers une étendue d'herbages d'un vert soutenu avec au loin des habitations que l'on devinait tapies derrière une végétation luxuriante de palmiers et d'arbustes touffus.

L'air était vif et léger autour de lui et il décida de rejoindre l'îlot de verdure où les câbles électriques qui bordaient le côté gauche du chemin semblaient conduire. Au fur et à mesure de sa marche, et tout en jouant avec les cailloux du chemin, la couleur laiteuse du ciel au loin l'intriguait. Les nuages flottant au-dessus de la cime des arbres délimitaient une sorte de périmètre immobile, malgré le vent léger qui bruissait sur la surface des champs. En franchissant l'enchevêtrement de roseaux et de lianes, SuperMit sentit sous ses pieds agiles des dalles noircies qui le guidèrent dans un goulet où l'attendait, impassible, une jeune fille muette qui le pria, en un geste silencieux, de l'accompagner jusqu'à une galerie. Curieusement, l'étrangeté de la situation n'effrayait pas notre jeune intrépide, pas plus que le clair-obscur qui régnait en ces lieux hors du temps. Son guide disparut discrètement par une des nombreuses portes après lui avoir fait signe d'attendre. Mais attendre quoi ? pensait SuperMit, un peu agacé de tant de cérémonies. Il n'eut pas le loisir de maugréer plus longtemps en entendant la voix irréelle d'une créature apparue soudainement devant lui.
- "Bonjour jeune homme, je suis Mia la maîtresse de ce monde, as-tu fait un bon voyage ?"
- "Oui, mais pourquoi de tels mystères et où sommes nous ?"
lança l'enfant d'un air qu'il voulait le plus assuré possible, tout en détaillant le visage oblong d'une Mia aux yeux perçants et fiévreux. Elle lui expliqua alors d'un ton doux et mesuré qu'elle et sa soeur la princesse Sima étaient les gardiennes d'un royaume oublié. Que le souvenir lancinant d'un amour meurtri avait fait basculer son aînée dans les affres d'une folie intermittente. La nuit tombée, Sima, magicienne à ses heures, délivrait les chiens de pierre de son manoir de leur immobilisme granitique, pour qu'ils aillent voler aux enfants indociles leurs jouets préférés afin, d'enfermer les objets dans un enclos grillagé qui surplombe un muret abrupt. Abasourdi par cette extraordinaire révélation, SuperMit demanda néanmoins la raison de sa venue préparée en ces lieux, en espérant ne pas avoir à subir une quelconque épreuve pour pouvoir retourner chez lui.
- "Ne soit pas effrayé Mit" lui répondit Mia en ajoutant d'un ton sybillin :
- "mais sache que seule la présence d'un garçon comme toi peut délivrer le sort qui tourmente la princesse, car tu as le talent de retrouver les jouets perdus..."

Une voix familière résonnait au loin comme un écho déjà entendu, insistante et chaleureuse :
- "Tim réveille toi c'est bientôt l'heure d'aller à l'école"
Une tête de papa mal rasé se superposa progressivement à celle diaphane de Mia qui se dissolva lentement en un songe inachevé et le petit garçon rétorqua avec un bâillement prolongé :
- "est-ce que les rêves sont vrais et reviennent parfois là où on les a arrêté ?"
- "Ça doit dépendre juste de la force avec laquelle on y croit" rassura le paternel d'un air malicieux.


Jeu. - Mars 24, 2005          



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