Partie de cartes
L'inconvénient
de vouloir traiter d'un sujet aussi sensible, comprendre la sécurité
des paiements par carte bancaire sur le Net, c'est de faire le tri dans le flot
d'informations disponibles souvent contradictoires. D'un coté les banques,
dont le goût récurrent du secret n'est pas de nature à favoriser
une communication claire et pertinente, de l'autre les contradicteurs, aux
propos souvent orientés et alarmistes, et au milieu les médias, au
sens le plus large du terme, instrumentalisés ponctuellement suivant les
intérêts divergents des uns et des
autres.
Si les enjeux sont multiples et
complexes, la question principale a le mérite d'être simple :
peut-on payer via internet avec sa carte bancaire en toute sécurité ?
La réponse sera à la fois oui et non
!Oui parce que sur un
volume global de transactions en pleine expansion, le pourcentage de fraude
connue, si l'on se réfère aux chiffres du dernier rapport de
l'Observatoire de la sécurité des cartes de
paiement, est
relativement faible de l'ordre de 0,086 % pour l'année 2003 (derniers
chiffres disponibles). Non
également, car ce pourcentage, s’il paraît dérisoire,
représente tout de même un montant de fraude estimé à 273,7
millions d'euros pour les systèmes bancaires de France métropolitaine.
Il y a une sorte d'hypocrisie, dans le discours du
Groupement des Cartes
Bancaires, à se
retrancher derrière l'apparente petitesse de ce pourcentage, afin de
favoriser l'adoption par la Commission Bancaire Européenne, de la carte
à puce prétendue infalsifiable, afin de la généraliser sur
l'ensemble de l'espace de l'Union Européenne. Les banques françaises,
dans une logique commerciale d'obtention de parts de marché coûte que
coûte, ne sont pas sans ignorer l'existence d'une quantité de plus en
plus importante de fausses vraies cartes à puce en circulation. Plus fort
encore, les assurances payantes, qu'elles recommandent et proposent aux
détenteurs de cartes, ne servent finalement qu'à surfacturer le prix
de la carte. Malgré cette assurance sensée garantir le détenteur,
en cas d'utilisation frauduleuse et les dispositions protectrices de la loi
Nº 2001-1062 sur la sécurité bancaire, le client floué
s'engage dans une longue procédure avec la banque émettrice pour se
faire rembourser les sommes illégalement prélevées. Il est
complètement illusoire de croire qu'avec un paiement dit sécurisé
en https on est à l'abri sous le prétexte que les nouvelles cartes
utilisent une clé de cryptage à 768 bits. C'est comme si on installait
une porte blindée à l'épreuve des bombes, pendant que dans le
même temps, quelqu'un proposait à proximité une copie parfaite de
la clé d'ouverture. Tapez donc le terme "carding" dans votre moteur de
recherche favori et vous risquez d'halluciner grave devant la profusion de sites
proposant de downloader des logiciels générateurs de numéros de
cartes de crédit et les nombreuses explications extrêmement
détaillées relatives à l'utilisation des numéros obtenus.
Entre les Yescards, les WhiteCards
et les boîtiers duplicateurs de cartes de crédits que l'on peut
très se procurer relativement facilement dans le commerce, l'utilisation
normale d'une vraie carte n'apporte aucune garantie réelle. Petit exemple
significatif je viens d'acheter chez un registrar (Gandi, excellent prestataire
au demeurant) le nom de domaine letitblog.org. Il m'a suffi de rentrer dans un
champ les 16 chiffres de ma MasterCard assortis des 3 derniers chiffres figurant
au dos de la carte pour valider la transaction
!Autre
élément, et non des moindres, en défaveur des banques, leurs
bases de données ou sont stockés les numéros de cartes,
attribués ou en attente, sont régulièrement crackés et
visités par des organisations mafieuses qui scannent copient et
transmettent grâce à des robots logiciels (bots) les informations
nécessaires à la fabrication d'une vraie fausse carte. Il y a une
foultitude d'autres moyens, du très simple à plus sophistiquée,
pour utiliser malhonnêtement une carte bancaire, mais ne compter pas sur
moi pour en parler ici. Le but de ce papier n'est pas d'expliquer comment
truander avec un mode de paiement électronique, mais de porter à la
connaissance des utilisateurs, que nous sommes tous, les risques et les tenants
aboutissants de l'utilisation d'une simple carte bancaire. Normalement, ce
travail d'information est du ressort de votre banquier. Pour l'anecdote, il ne
m'a pas été possible d'avoir un rendez-vous avec le directeur de ma
banque pour parler de ce sujet. Par contre 3 jours après le même
rendez-vous était devenu possible après que j'eusse expliqué que
je voulais acheter un gros paquet d'actions Apple (eh oui ! je suis un gros
capitaliste pourri sous mes allures de jeune intello progressiste
!).En attendant que des
systèmes d'identification biométrique se mettent en place, inutile de
sombrer dans une paranoïa monétaire, il suffit juste d'être
vigilant et surtout de faire le maximum de barouf en cas de souci avec votre
banque, car leur goût du secret et de la discrétion s'accommode en
général assez mal avec les glapissements frénétiques et
répétés d'un client mécontent. L'été dernier,
devant la mauvaise foi d'un employé de banque, m'affirmant avec dédain
que les agios que je contestais étaient parfaitement justifiés, je me
suis allongé par terre devant le guichet, en expliquant haut et fort,
devant des clients médusés, que je ne bougerais pas tant qu'une
solution honorable en ma faveur ne serait pas trouvée. Trois minutes plus
tard, une tête plate en costume anthracite m'annonçait
benoîtement qu'effectivement il s'agissait d'une malencontreuse erreur
comptable. Depuis ce jour, mon banquier est d'une telle affabilité
mielleuse avec moi que j'en ai presque honte pour lui...
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