Carnet de route














Quelques centaines de kilomètres plus tard, à base de trains aux correspondances souvent interminables et d'autocars irrémédiablement nonchalants, nous sommes revenus, un peu fourbus, mais totalement enchantés par ce périple d'une semaine dans les Pyrénées-Orientales.

À Collioure la magnifique, définitivement trop sereine avec son décor grandeur nature de carte postale, nous avons finalement préféré l'agitation et le dépaysement des rues tortueuses de Perpignan, colorées et exubérantes, afin de pouvoir déambuler au gré de nos envies hasardeuses. Sept jours c'est très peu et nous n'avons sûrement pas vu le plus important, à trop vouloir capter l'atmosphère discrète d'endroits sans trop de touristes, mais l'essentiel était là sous forme d'étonnement devant la profusion de palmiers aux formes opulentes, de l'accent catalan prononcé des gens rencontrés et de bâtisses aux teintes impossibles pour notre Charente Maritimes : ocre, jaune vif, bleu cérusé, en des déclinaisons imparfaites et subtiles. Petite exaspération passagère cependant, avec la caméra refusant de fonctionner pour un obscur problème de batterie capricieuse. On a alors acheté des appareils photos jetables, pour conserver des traces de ce parcours initiatique entre un papa facétieux et son fiston complice. Donc, munis de ces antithèses d'APN, on a shooté, de façon volontairement désordonnée, en un florilège d'impressions fugaces, des instants magiques dans la profondeur d'un porche à la lumière tamisée, au détour d'une rue cachée ou bien d'une perspective improbable, afin que les images récoltées ne ressemblassent pas aux maquettes ordinaires de mon activité professionnelle... Au palmarès des découvertes importantes, Timothé, en touchant des oranges et des citrons directement sur l'arbre, a compris que ces fruits ne poussaient pas dans les supermarchés, et que, sans doute enhardi par cet éloignement bénéfique, un beau sourire enjôleur permettait, au petit garçon discret qu'il est habituellement, d'avoir des boules de glace bien plus fournies !

Inestimable fabrique à souvenirs de cette errance désordonnée et voluptueuse avec juste le regret de la brièveté du séjour et de l'absence étonnante de girafes et de chameaux en sortant d'une venelle escarpée. Patience Tim ! D'autres vacances plus au Sud, un jour, peut-être...


Sam. - Mars 19, 2005          



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