Terres lointaines












Elle qui connaissait depuis si longtemps d'autres systèmes, l'agitation du microcosme terrestre ne lui inspirait qu'un étonnement dubitatif. Pourquoi chercher à vouloir percer le mystère d'hypothétiques univers physiques alors qu'il suffisait de développer des perceptions mentales pour se glisser dans les sphères parallèles des rêves magnétiques ?

Armelle pensait à la volupté de ses déplacements psychiques, à la beauté des empreintes de couleurs diaphanes rythmées par des particules pas vraiment élémentaires, là-bas aux confins des mondes inhabités par les hommes. La sonnerie répétitive d'une alarme électronique la ramena, étourdie de cette étrange langueur, à ses obligations du moment. Le billet d'avion à aller chercher à l'agence, le sac de voyage à remplir et les derniers détails à vérifier avant le départ pour Valparaiso, la ville aux quarante-deux collines. Encore une extrémité de continent à rejoindre où l'attendait un Philippe impatient de son regard de jais et de ses rires cristallins. Ils iraient sûrement, comme promis, boire une bebida ou bien un leche con platano à la banane sur la plazza Echaurren, avant de prendre un trolley poussif pour aller se perdre, face au Pacifique rugissant, vers la plage surfaite de Renaca. Tant de choses à se dire depuis Noël pour conforter l'illusion de ce bonheur distant et les complications du décalage horaire des sentiments.

Armelle, chère distraite résolue, ne rate pas ton avion et ton amour lointain !


Mar. - Juillet 12, 2005          



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