Fighting blog







Jeudi dernier, j'ai regardé à la télévision un reportage de l'émission Envoyé Spécial sur les blogs. Aussi imparfait et forcément réducteur que puisse être une enquête de quelques minutes sur la blogosphère, on sera gré à Florent Muller et Roger Motte d'avoir présenté l'univers des blogs de façon assez juste. Pour une fois qu'un média traditionnel ne se fourvoie pas dans une analyse hasardeuse sur ce sujet...

Concernant le 5e pouvoir que représenteraient les blogs, on peut cependant rester, tout au moins pour la France, quelque peu dubitatif. L'exemple de monputeaux.com est d'ailleurs significatif du manque d'habitudes des institutions, au sens large du terme, face à des opinions divergentes ou accusatrices. Si on a le statut de journaliste ou d'homme politique, il paraît tout à fait normal de pouvoir donner un avis, même contraire, sur les agissements de représentants officiels d'une commune. En l'occurrence, les réactions musclées d'intimidation du maire de Puteaux Mme Ceccaldi-Raynaud, succédant depuis peu au règne de son papa en place depuis 1969, risquent d'avoir l'effet voulu inverse. Je ne vais pas rappeler ici le contentieux opposant la mairie, tendance oligarchie familiale, à Christophe Grébert le blogger-citoyen dénonciateur de la gestion partisane des élus de cette ville. Le procès pour diffamations intentée par la mairie est reporté au mois de février prochain, juste le temps de semer un peu de distance et d'oubli médiatique.

Ce n'est pas la première fois qu'un webmaster est aux prises avec une structure importante, mais habituellement ce sont des sociétés commerciales qui sortent les griffes quand un individu émet des critiques sur elles même. Souvenez-vous des déboires de Aubade, fabricant de lingerie féminine face aux nombreuses parodies sur son patronyme (Daubade ! lol) ou plus récemment le site Think Secret, diffusant des informations sur des produits Apple. Les méthodes de rétorsion sont toujours identiques : un gros procès avec une escouade fournie d'avocats pour intimider et couler financièrement les réfractaires.

Moralité on peut parler de tout ce qu'on veut sur le Web, d'états d'âme tourmentés, de mode, de cuisine ou tout autres sujets consensuels. Si demain, il vous arrivait à vous blogueurs et blogueuses impertinents, de vouloir diffuser des révélations sur une institution, commencez donc par vous enquérir des honoraires d'un bon avocat. La liberté d'expression et d'information d'accord, mais seulement si vous êtes un journaliste accrédité !


Sam. - Juin 25, 2005          



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