Géographie immobile
Manille
? Kingston ? Kinshasa ? Cette image dans, un clair obscur orangé, semblant
sortir d'un environnement tropical, est issu en fait du terrain d'un
récupérateur de ferraille... bordelais
!
Un distributeur rouillé
à l'agonie, un tube d'échafaudage dans un état similaire,
quelques bambous épars soutenant une plaque de tôle famélique, le
tout illuminé par un projecteur violent, afin de se téléporter,
en une fraction de clic d'appareil photo, dans une séquence colorisée
et inconnue du Salaire de la Peur ou bien dans la noirceur inquiétante
d'Apocalypse Now. Déclinaison beaucoup moins fashion, selon le
procédé d'un précédent post intitulé True lies. Sauf
que là, la moulinette à illustrations sublimées de Photoshop n'a
presque pas été nécessaire, à part pour quelques
réglages de luminosité en mode L.A.B. J'adore ces petites
altérations d'un réel brut d'imaginaire, moi qui habite dans un
décor de carte postale grandeur nature où je vais finir par demander,
comme en Amérique du Sud, des cadeaux aux touristes gringos, pour les
autoriser à me photographier à mon retour d'une pêche en mer ! Le
plus subtil et difficile dans une photographie étant d'arriver à
laisser l'empreinte d'une ambiance, la moiteur d'un soir d'une tiédeur
humide.
Les esprits
chagrins prétendent que la retouche d'images standardise l'aspect du rendu
! Pas d'accord du tout ! L'outil, aussi perfectible soit-il, accompagne juste
l'exploration de l'imaginaire ou bien, à contrario, l'uniformité d'une
perspective estivale. Que mes futures mises en boîte puissent rester
tourmentées par mon appareil photo retors et une tablette graphique aux
traits erratiques et aléatoires ! Ce sont mes devoirs de vacances de
l'été...