Les p'tits Mickey japonais du Manga.

Ils s'immiscent partout dans
les visuels de la vie courante parfois pour la promotion de produits
alimentaires, car les enfants, prescripteurs inflexibles, en sont de grands
consommateurs. On se les échange dans des boutiques spécialisées
où certaines figurines "collector" atteignent des prix dignes d'une
enchère de l'Hotel Drouot.
Bref en quelques années ce
qu'on appelle de façon générique le Manga a envahi le monde de la
création graphique. Si vous trouvez que l'esthétique des dessins est
criarde et violente et que les histoires, où se mêlent avec une
déconcertante facilité le réel et les pouvoirs magiques, sont
naïves et simplistes, alors passez votre chemin et retournez à vos
Tintin et Milou et autres Astérix car vous avez, à n'en pas douter,
plus de 30 ans !Au
départ, les mangas sont de simples opuscules japonais dupliqués en
noir et blanc sur un papier de médiocre qualité. Sous cette forme, la
production nippone est énorme et même au pays du soleil levant les
aventures des Saint
Seiya et autres
Dragon
Ball sont jugés
étant des produits vulgaires par les adeptes lettrés du kandji. La
reconnaissance est finalement arrivée grâce à une sorte de
malentendu, car seules les versions les plus importantes, appelées Art
Book, ont été colorisées et imprimées sur papier glacé
pour une diffusion internationale. L'engouement pour ce style de bande
dessinée a été progressif mais total. Certaines séries sont
vouées à un véritable culte souvent renforcé par des films
d'animation ayant remporté des succès très importants comme le
sublissime Voyage de
Chihiro (nomination au
Oscar 2003, catégorie meilleur film d'animation) ou
Princesse
Mononoke , un grand film
épique sur fond d'humanisme et d'écologie militante. Le manga
livresque est facilement adaptable à un format cinématographique, car
le découpage graphique des histoires ressemble en tout point aux
story-boards de l'industrie du film. La similitude ne s'arrête pas là
avec les changements de plans et autres cadrages (zoom, travelling etc.) si
chers au 7e art. À la lecture progressive de mangas on s'aperçoit de
la richesse de cet univers par la profusion de genres différents, allant du
basic Nicky
Larson (pour les
connaisseurs assez proche de la ligne claire des dessinateurs belges), aux
mystérieuses Chroniques de la guerre de Lodosss
aux indéniables
similitudes avec l'Héroïc
Fantasy.On a souvent
reproché à ce genre graphique, jugé mineur, une sorte d'apologie
guerrière et le caractère sexué des personnages féminins,
sortes de lolitas perverses au charme sulfureux ... Mais ces mêmes
détracteurs ne trouvent rien à redire à la violence quotidienne
des informations télévisuelles regardées en famille. Et vous ?
Avez-vous moins de trente ans ?