Let's the music play








À terme sur ma petite radioblog, vous ne pourrez écouter que des artistes non inscrits à la SACEM. Afin de respecter le travail et les droits d'auteurs des musiciens, je me suis renseigné sur les dispositions juridiques qui m'auraient permis de diffuser légalement de la musique sur mon blog. Et là surprise désagréable, la SACEM, cette société au monopole bien établie, exige au minimum 72,5 € HT par mois pour que j'aie le droit de promouvoir les groupes que je découvre ou que j'aime bien. État des lieux de la musique en ligne, vous allez vous rendre compte en lisant la suite de ce billet, de l'hatitude hallucinante de la plupart des maisons de disque et du racket légal de la SACEM.

Avant de poursuivre plus en avant, juste une petite précision, mais elle est d'importance : j'achète systématiquement la musique que j'écoute, qu'elle soit sous forme de fichiers numérique, via iTunes Music Store, ou bien plus classiquement dans des magasins. Quand je paie 20 euros pour un CD, dans le meilleur des cas, seulement 8 % est reversé au groupe ou au chanteur(se). Le reste qui représente une marge bénéficiaire colossale, quoiqu'en disent les grandes majors (j'y reviendrais), alimente le train de vie dispendieux de Sony Music, EMI et autres éditeurs de musique. Il y a une crispation imbécile et un discours malhonnête de la part des majors à toujours mettre en avant la menace du téléchargement illégal des réseaux de P2P pour la pérennité de la création musicale. Polémique, bataille de chiffres, à l'exactitude pas toujours vérifiable d'ailleurs, et condamnations diverses, pour l'exemple, à de lourdes amendes pour les quelques internautes qui ont eu la malchance de se faire attraper, toute cette mise en scène médiatique a le côté pathétique d'une fin de règne probable. On se trompe de débat en ne voulant mettre en place que des mesures de contrôle et d'identification (DRM) et répressives.
Les principaux éditeurs mondiaux de contenu à caractère culturel (musique, films, jeux vidéos etc) n'ont pas vu venir la croissance inéluctable de la vente en ligne et restent désespérément accrochés à leur vieux modèle de distribution classique. Finalement leur gesticulation médiatique consistant à prédire la mort à terme de la création musicale amène, paradoxalement encore plus d'internautes à télécharger illégalement. On trouve, sans aucune difficulté, sur les réseaux de P2P des albums d'artistes n'ayant pas été réédités par les maisons de disques pour de stupides et mauvaises raisons de rentabilité. Un exemple significatif : grâce, ou à cause, du logiciel d'échange de fichiers eMule, je me suis aperçu que l'intégralité des chansons de groupes disparus, mais néanmoins encore très populaires, était disponible en téléchargement pirate. J'ai la chance personnellement d'avoir assez d'argent et de temps pour arriver à retrouver certains albums originaux dans les bacs de boutiques de disques spécialisés "collector". En remettant dans le circuit commercial des vinyls ou des CDs, jugés (sur quels critères ?) non rentables on éviterait ainsi la tentation d'aller télécharger illégalement des oeuvres musicales que l'on trouve plus dans le commerce. Ça paraît tellement évident que je ne comprends vraiment pas du tout que ça n'ai pas déjà été fait ! D'autant plus que régulièrement des patrons de grandes multinationales de musique se fendent de communiqués de presse, à la prose généreuse, expliquant qu'une partie des bénéfices des ventes les plus importantes servirait à promouvoir des musiciens mal connus. Bel exercice de langue de bois totalement suréaliste !

Pour toutes ses raisons, les dix chansons que je mets sur ma radioblog ne concerneront, à terme, que des artistes autoproduits sur des labels indépendants et ne payant pas de droits d'enregistrement à la SACEM. D'autant plus que concernant la diffusion sur des radios en streaming, cette société s'avère incapable de redistribuer les sommes collectées aux ayants droit.
"Time are changing" disait Robert Zimmerman alias Bob Dylan. Visiblement certains ne l'ont pas compris...

Lun. - Février 28, 2005          



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