On the road again [sixties remix]









Finalement, on n'avait même pas trouvé la salle de concert bordelaise qui devait occuper notre soirée du samedi. Erreur sur le flyer, quartier des docks trop sombre, fatigue de la semaine passée ? Trop de questions et pas l'ombre d'une réponse, alors on est remonté dans la Lada Break de André, le seul à avoir son permis et une voiture, pour faire un peu de cruising dans la ville. Tout en révisant mentalement notre bréviaire de l'underground en fumant une cigarette parfumée à la Sinsemilla, krypto aperçu sur le trottoir une grande blonde vêtue d'un gilet afghan chamarré et portant des cuissardes en daim clair.

Étions-nous passés de l'autre côté du miroir du temps, en voyant cette hippie seule dans la nuit de cette rue improbable ? Manu, garçon plein d'acné mais charitable, proposa de s'arrêter pour demander à la jeune fille la raison de sa présence nocturne sur ce boulevard inhospitalier. Donc freinage en douceur du Soyouz, diminution du volume sonore de l'autoradio, afin que André, en baissant la vitre, lance un aimable : "tout va bien mademoiselle ?". Avec un fort accent moldave (?) la créature répondit en riant avec une familiarité surprenante "oui mes chéris ! alors, je commence par qui ?". Devant nos visages dubitatifs, la fille enchaîna immédiatement: "50 euros l'amour ou 300 si vous voulez faire ça en groupe et je veux bien commencer par votre copine". Pour ne pas vexer ses ardeurs sexuelles et commerciales, on a juste rétorqué le manque d'argent avant de redémarrer en riant nerveusement. Ben oui, on trouverait ça chouettos l'idée de l'amour libre, mais tarifé c'est largement déplanant. Sauf peut être Xiao, avec son penchant gazon maudit, qui plaisanta de façon sibylline sur les courbes avantageuses de la travailleuse du sexe. "mais alt si je couche avec une pute, ya pas de souci, je ne te trompe pas, puisque je la paie". Et moi de répondre sottement "et moi je sortirais avec ta cousine comme ça ça restera en famille!". Bon on en est rester là avec juste le souvenir d'une soirée bien naze, et des interrogations inassouvies sur les moeurs mystérieuses de babas pour le moins fantomatiques.

Depuis quelques mois, deux ans disent les précurseurs, on sent un intérêt croissant pour des tenues vestimentaires d'inspiration hippie (freaks diraient plutôt les nord-américains), les meubles en plastique orange, les colifichets indiens de toute sorte et toute la panoplie qui va avec. Les ados, que je croise dans la rue, ont un apparence et une attitude qui me renvoient aux photos de mes parents au même âge. Un certain négligé dans le tombé du pull, tricoté en peau de couilles retournées, le pantalon taille basse à pattes déf avec les poches plaquées, etc., etc. Juste un look générationnel pour se démarquer des aînés ou bien un vrai changement d'époque ? Ma cousine, de sept ans ma cadette, et très au fait des agissements de ses copains et copines de fac m'assure que les années 2000 essaient de reproduisent en parti les comportements de la période 65 / 75 avec des similitudes troublantes. Méfiance de l'individu pour les choses étatiques, politisation inattendue des djeunz par rapport à la bof génération précédente et Amérique en guerre. Je ne suis pas sur que tout cet argumentaire ne relève pas en fait de la méthode Coué pour justifier un revival, certes sympathique, de l'esprit sixties.

En attendant, ça a fait sourire mes quinquagénaires de parents, un peu interrogatifs mais tout contents de se faire rattraper par l'époque de leurs vingt ans. Dis papa c'était si bien qu'on le dit pour ta génération dans les années 70 ? L'amour libre, la contre-culture, pas de chômage, la non-violence ? Pas de réponse satisfaisante à ce jour : les révolutionnaires baby-boomers d'avant-hier, devenus les décideurs de maintenant ont l'amnésie que procure les responsabilités.

Peace and Love d'accord hein ! Mais à mi-temps pour voir ce que ça pourrait donner...

PS : 10 nouvelles chansons de cette période "Good Vibs" sur LET iT BLOG RADIO. ouééé ! ;-))

Mar. - Janvier 18, 2005          



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