Post-industriel



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J'habite une ville de l'Atlantique, La Rochelle pour ne pas la nommer, et cette belle cité tendrait à devenir, à cause d'un effet de mode, une carte postale grandeur nature pour "people" discrets et retraités aisés.

J'ai eu envie de montrer autre chose que les lieux habituels qui attirent les hordes bruyantes de touristes et les bourges, de tous horizons, qui cherchent, désespérément et à n'importe quel prix, une habitation dans le périmètre du centre historique. Rajoutez les djeunz des villes environnantes, venus vérifier si la réputation de La Rochelle la nocturne est justifiée, et vous avez là un concentré quelque peu schizophrénique de l'atmosphère de cet endroit que j'adore malgré tout.

Pourtant, jusque qu'à la fin des années 70 et avant d'être le terrain de chasse d'investisseurs immobiliers venus jouer à une partie de Monopoly truquée, La Rochelle était encore peuplé de marchands avisés, de marins téméraires et de prolos besogneux. Certains quartiers, tel que celui de La Pallice, trop loin et pas assez chic pour attirer les tours operators, ont gardé les traces de ces activités. La Pallice est une ville dans la ville, une zone portuaire, plus ou moins sur le déclin, qui rêve de sa splendeur déchue et passée. Il reste une ambiance surannée et magique quand on se promène le long du Boulevard de la Soif ou vers les docks où mugissent encore les sirènes des bateaux et le cliquetis féroce des grues qui les déchargent. La Pallice c'est une sorte de bout du monde, avec des vieux, bourrus mais sympathiques, retraités maintenant désoeuvrés, des chantiers navals, de la Compagnie Maritime, plus que centenaire, Delmas, ou de la zone de fret. La Pallice à son apogée, avait une liaison transatlantique régulière avec les 2 Amériques, une ambiance cosmopolite ou se croisaient des apatrides, des marins en escale, des anarchistes ouvriers, des bandes redoutées et mon grand père, parti initialement chercher fortune à Pondichéry et tombé amoureux la veille de son embarquement, d'une belle institutrice militante suffragette, Jeanne ma grand mère !

Il reste de cette épopée pleine de tumultes, de ci de là des bâtiments industriels, une base désaffectée de sous marins, une grande poste, bientôt classée, et quelques entrepôts, le long des quais, qui attendent figés dans le souvenir, un hypothétique recommencement.





Dim. - Décembre 5, 2004          



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