Utopies












Au départ l'idée était de montrer des affiches figurant dans des films emblématiques des années soixante-dix tels que Blow Up, Easy Rider ou Macadam cow-boy, mais la tache s'est révélé plus ardue que je ne pensais. À trop vouloir bien faire, à force d'accumuler de la documentation, le risque était de rédiger un début de thèse sur l'esprit seventies en lieu et place d'un simple billet sur quelques beaux posters de ces années là.

Donc, j'ai resserré les boulons pour ne présenter qu'une sélection d'affiches de concerts made in USA, le plus souvent au cours de happenings au Fillmore Auditorium et à l'Avalon Ballroom, les deux endroits ou se retrouvaient les gourous et leurs fans de la scène hippie locale. Pas de sotte apologie d'une période, que de toute façon, je n'ai pas connu, mais j'ai voulu porter un regard distancié, à défaut d'être objectif, sur le graphisme coloré et insolent de cette époque. Quelques affichistes ont pu, à partir de cette mouvance, se lancer dans des carrières d'illustrateurs ou de peintres avec plus ou moins de notoriété. Au-delà de la nostalgie et du cliché psychédélique forcément magnifié, l'underground flower power a été une rupture avec les normes d'alors, avec de nouveaux codes vestimentaires et culturels imprégnés par le rock de groupes comme Jeferson Airplane, Grateful Dead, Canned Heat et tant d'autres. Les posters de Bonnie Mac Lean, Lee Conklin, Rick Griffin étaient les représentants visuels de cette sensibilité novatrice de l'Op Art naissant, influencé par l'art nouveau et les sécessionnistes viennois, tels que Gustav Klimt et Alfred Roller, avec l'ajout massif d'arabesques, de motifs floraux stylisés et de couleurs saturées. Le revival cyclique des années post Kennedy oublie souvent, dans une belle amnésie commerciale, de se souvenir que l'on pouvait aller en prison pour un simple joint et que le Vietnam en guerre a été un aller simple mortel pour beaucoup de jeunes Américains. Nostalgie, elle-même édulcorée par des baby-boomers vieillissants, devenus par l'usure du temps, des papys-boomers en prise avec un début de troisième millénaire beaucoup plus cynique et carriériste !

Quoi qu'il en soit, malgré les utopies avortées ou mal abouti, ce mouvement a durablement influencé l'univers culturel que nous vivons maintenant laissant des scories de comportements et d'images colorées. Ces affiches en sont l'écho et le miroir transcendé. Méfiez vous ! Sous l'allure respectable de vos grands parents se cachent peut-être les fantômes d'anciens activistes pacifistes. Take it easy baby !









Lun. - Juillet 4, 2005          



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