Blues












J'attends. J'attends que le printemps débarrasse l'atmosphère des miasmes de l'incertitude et du doute. J'attends, j'attends tous les jours les lueurs de l'aube salvatrice, pour être sur que j'existe bien encore.

Le temps, inexorable et sans pitié ne s'arrête jamais et cet hiver meurtrier n'en finit pas. L'ivresse de la vitesse me donne parfois l'illusion de vivre plus intensément, mais je sais maintenant que je ne suis pas immortel, même si je n'ai que de médiocres dispositions pour les arithmétiques de l'existence. J'attends, encore et toujours que l'étincelle de l'envie veuille bien se rallumer, car la route sera longue sinon. J'ai bien essayé de me perdre pour refuser l'évidence, mais l'innocence était insuffisante et pathétique à vouloir changer la donne. Ça va passer hein ! comme passent, hélas, les serments magnifiques et les promesses de lendemains qui ne soient pas désenchantés. À trop rêver, à trop vouloir croire que le bonheur, ce concept séduisant mais absurde, n'est pas permanent, on s'aperçoit, souvent trop tard, qu'il est éphémère et volatil face à la désespérance de la fin. Continuer à croire, continuer à danser sur le volcan de la vie, en un remède incertain. Demain sera un autre jour, plein de silences insupportables, de fureur guerrière et d'oriflammes définitives.




Mer. - Février 16, 2005          



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